RETOUR

N’ APPLAUDISSEZ PLUS 

 

Hurlons, je vous en supplie sur ce traître 

qui abrutit, nous assouplit et nous rend bête 

Un peu d’indulgence, je demande et qu’on m’écoute 

qu’on ne fasse pas d’éclat et sans un doute 

 

Oh que je sais qu’il est urgent, que sans tarder 

il faut remédier à faire taire toutes ces pensées 

Par toutes ces machines vous êtes pervertis 

la vie se respire et se croit, mon ami 

 

On vous étouffe de je ne sais quel langage 

on déforme les mots sans vous en dire davantage 

La tâche est si simple d’appuyer sur un bouton 

de contrôler jusqu'à même le son 

  

Vous vibrez mais n’applaudissez plus 

vos gestes se paralysent bien entendu 

A rester infirme devant votre petit écran 

qu’il est malheureux de penser qu’à même pas vingt ans 

 

votre vie se résume à quelques séries télé 

vous êtes bien crédule, alors qu’elles sont préfabriquées 

d’idioties et de perversités 

ne croyez-vous pas qu’il est temps d’arrêter 

 

Revenez à la vie et faite taire vos machines 

écoutez de vive voix vos vrais comiques, non en sourdine 

Applaudissez à vous saigner les mains 

arrêtez de caresser les manettes sans fin 

  

Ne laissez pas crever dès à présent vos enfants 

ils sont à peine nés mais sont pollués maintenant 

Qu’un si jeune esprit a besoin de nature 

et non de perfidie qu’on lui met à la vue 

 

Ils ne regardent même plus le paysage dans le train 

les yeux collés sur l’écran, des chips plein les mains 

Ils ingurgitent, leur corps est déformé 

on dirait même qu’ils prennent la forme de la télé 

 

Regardez bien comme leurs fesses grossissent 

et leurs paupières fatiguées s’alourdissent 

Leurs deux bras font comme deux flaques de graisse 

posés sur leur ventre tout mou de paresse 

   

Ce manège éclate et il le faut à vos yeux 

regarder en face cette réalité odieuse 

Le pas est rabougri, le canapé trop loin 

et puis on reste allongé jusqu’au lendemain